Très tôt le samedi dernier, je suis réveillé par une funeste nouvelle: l’assassinat de Thierno Aliou DIAOUNE à Conakry. Incrédule ,je demande à ma fille d’appeler la fille aînée de DIAOUNE pour s’enquérir de la véracité de la tragédie. Comme il fallait s’y attendre, ce n’était pas un mauvais rêve.
Les assassins et leurs commanditaires ont tué Thierno Aliou DIAOUNE . Ils ont privé ses jeunes enfants d’un père et d’un soutien au moment où ceux-ci en ont le plus besoin. Ils ont également privé la Guinée d’un cadre engagé pour la cause nationale. Ils ont aussi éteint une intelligence qui ne demandait qu’à servir loyalement la Guinée. En une fraction de secondes ,le crépitement des balles tirés par les kalachnikov des tueurs ont soustrait à la vie Thierno Aliou , brisant ainsi « une tête » qui a été façonnée par plusieurs décennies de travail ,de sacrifices ,d’expériences et d’engagements pour les droits des citoyens et pour la démocratie. Les tueurs croient avoir réduit au silence DIAOUNE. Ils se trompent. Sa mort tragique , est comme un cri strident qui résonne aujourd’hui au quatre coins du monde.
Cet assassinat porte une signature qu’il n’est pas difficile de reconnaître. Les tueurs portent l’uniforme des militaires guinéens. D’après certains témoignages , ils ont agi avec un sang froid remarquable qui indique qu’ils bénéficient d’un sentiment d’impunité totale. Thierno Aliou DIAOUNE savait que sa vie était menacée. La cause est à rechercher dans le cadre de son environnement professionnel comme coordonnateur national du Fonds de Consolidation de la Paix des Nations Unies pour la Guinée. Son travail l’a amené à être au courant des dérives crapuleuses et mafieuses de la gestion des fonds alloués à la riposte contre Ebola. M.Alpha CONDE a toujours montré un intérêt pour la gestion de cette manne financière qui pour lui « Ebola est une opportunité ». Comme vous le savez ,également le précédent coordonnateur des nations Unies contre Ebola en Guinée a été trouvé mort dans son hôtel dans des conditions mystérieuses. Il n’est pas étonnant dans ces circonstances que le Secrétaire Général des Nations Unies aient exigé qu’une enquête diligente puisse faire la lumière sur cet assassinat. M.Ibn Chambas ,le représentant des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest ne manquera pas de d’exprimer aux autorités guinéennes les inquiétudes et les préoccupations de l’organisation onusienne devant la persistance d’un climat d’insécurité et la multiplication des assassinats ciblés de leaders d’opinion en Guinée.
Aux lendemains de l’assassinat d’El hadj Amadou Oury DIALLO, Président de la section des motards de l’UFDG en septembre dernier dans des circonstances similaires , tout le monde a été averti que la gouvernance d’Alpha CONDE est prête à user du terrorisme d’État pour conserver le pouvoir par tous les moyens. Sa stratégie est simple : l’assassinat ciblé des élites originaires du Foutah, exactions massives contre les populations de la Guinée-Forestière et de la Moyenne-Guinée et achat des consciences pour certains et intimidations physiques pour les « récalcitrants » en Basse-Côte. Pour ceux qui étaient septiques par rapport à la dangerosité du régime d’Alpha CONDE , la succession des assassinats doit leur ouvrir les yeux.
Le terrorisme d’État qui règne à Conakry s’est manifesté également par la brutale répression d’une « marche pacifique autorisée » à Labé. Le pouvoir ne cherchait qu’un prétexte pour s’abattre sur les populations civiles et leur « donner une leçon » . Détruire le siège local de l’UFDG, violer le domicile de El hadj Mamadou Cellou Daka le 1er responsable du parti , rouer de coups un des imams de la ville , pénétrer manu militari dans l’hôpital régional pour y extraire des blessés et les jeter en prison , bastonner les agents hospitaliers et tirer à balles réelles contre les manifestants sont les actions des forces dites de « l’ordre ». Les autorités n’ont pas digéré le camouflet qu’elles ont reçu à Lélouma où la population a exigé le remplacement du préfet local en organisant des manifestations pacifiques de grande envergure. Cette violence à Labé n’est pas banale . C’est un message en direction de l’UFDG , à savoir « par le feu et le sang » , le pouvoir restera entre les mains d’Alpha CONDE. En conséquence ,tout le monde doit en tirer tous les enseignements.
Les notables toujours prêts à caresser les puissants du moment doivent être interpellés sur leur responsabilité de porte-parole des humbles et des faibles. Une attitude complaisante avec ceux qui tuent ,violent et pillent le pays n’est plus permise ! « Plus jamais ça ! » doit amener à la résistance et à la lutte ouverte contre les assassins et les commanditaires. La restauration des libertés démocratiques et citoyennes est plus que jamais un impératif patriotique.
Les morts de Thierno Aliou DIAOUNE, d’ El hadj Amadou Oury DIALLO de l’UFDG, de Mme BOIRO du Trésor, du caporal Koulibaly défenestré au camp Samory TOURE, de Zakariaou DIALLO , du commissaire Pascal BANGOURA,de GHUSSEIN ,des dizaines de jeunes de l’axe hamdallaye- Cimenterie, des villageois de Zogota, de Gallapaye,et de Womé , et des centaines d’autres anonymes ne doivent pas être vains. Beaucoup de sang est versé depuis l’accession au pouvoir d’Alpha CONDE. Il porte l’entière responsabilité de ces drames. Il devrait méditer ce précepte des Saintes Écritures « Qui règne par l’épée, périra par l’épée » !
Pour sauver la Guinée du désastre , la mobilisation de tous est impérieuse pour changer maintenant la gouvernance de notre pays.