A bâton rompu, le premier vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Amadou Oury Bah, plus connu sous le nom de Bah Oury, se prononcé sur les sujets qui dominent l’actualité sociopolitique du pays, notamment ; les conditions de vie des populations, la crise politique qui se profilent à l’horizon avec la menace de manifestation de l’opposition dite républicaine, ainsi que le processus de réconciliation en cour dans le pays.
Le Continent : Quelle analyse faites-vous de la situation sociopolitique actuelle de la Guinée?
Bah Oury : Dans le contexte actuel, en regardant la manière dont les gens vivent, on se rend compte que la situation est difficile pour la majorité de nos compatriote. Ceci n’est pas le fait du hasard ou d’une fatalité, mais c’est la conséquence logique d’une période très forte que la Guinée a connu ces trois dernières années.
L’année 2013, pour des raisons politiciennes, n’a pas permis à la Guinée de réussir à mettre à profit, l’annulation de la dette pour lui permettre d’aller dans le sens d’une amélioration de la qualité de vie, notamment pour des citoyens les plus déshérités. L’année 2014 et 2015 ont été une autre catastrophe qui s’est accentué sur une période économique particulièrement difficile. Et 2016 commence avec l’héritage de 2014 et de 2015. La remonté de la pente peut-être possible, mais actuellement nous sommes dans le creux de la vague.
Sur le plan politique, il y a quelques choses de très important que nous devons prendre en compte. L’année 2015 est le début de la fin d’un cycle politique qui a commencé depuis très longtemps avec des hommes et des femmes d’un certain âge et d’une certaine conception qui sont au pouvoir. La grande majorité de la population, notamment les jeunes, attendent à voir les choses évoluer autrement en terme de gouvernance, d’orientation sur le plan économique, institutionnelle et de relation avec le peuple. Donc il y a une forte attente qui, malheureusement, des réponses ne sont pas à l’attente de l’espérance d’une couche extrêmement importante que sont les jeunes. Et la classe politique aussi qui est le reflet de la situation sociale et de la société dans sa globalité est complètement en déphasage. Ce qui fait que la population se sent orpheline en termes de leadership politique. C’est ce qui explique pour certains, le désarroi qui est constaté aujourd’hui. Et certains élément de la classe politique tant de la mouvance que de l’opposition ne cherchent qu’à ce maintenir avec des réponses qui ne sont plus appropriées. D’où nécessité absolue de revoir de font en comble, ce que d’autre appellent ‘’le paradigme de l’analyse de la situation socioéconomique de la Guinée’’.
Quelle analyse faites-vous de la menace de l’opposition ?
Vous savez, il y a certains qui se sentent dépassés par la réalité des événements. Les mouvements importants contre la CENI (Commission électorale nationale indépendante), l’opérateur Way-Mark ont eut beaucoup de dégâts et de perte en vie humaine pour donner au finish, des résultats qui sont en dessous des sacrifices consentis.
La population aspire dans sa majorité à autre chose. Donc au lieu de tirer les leçons de ces années d’errements politiques, l’opposition continu de croire que la même recette peut produire des résultats qui sont différents de ce qu’on a connu par le passé. Moi je considère qu’il y a des moments de la vie, après avoir tenté dans la durée et de ne pas avoir constaté de résultat probant, il faut changer de fusil d’épaule et se remettre en cause pour se dire qu’il y a une autre manière de faire les choses avec plus d’efficacité. Ce que je n’aie pas constaté au niveau de mes paires de cette soi-disant opposition.
Vous pensez que cette menace l’opposition n’aura aucun impact positif?
Pour être franc, cette agitation dont le chef de fil de l’opposition est le moteur principal, n’a que deux objectif : premièrement, c’est sérer la main avec le professeur Alpha Condé pour dire que maintenant le passif récent es oublié et qu’il y a une soi-disant réconciliation. Or, un chef de l’opposition qui appel au dialogue dont-il n’a pas encore reconnu les élections, cela est me parait illogique et inconséquent. Donc l’objectif de cette manifestation c’est imposer le chef de fil de l’opposition comme un interlocuteur incontournable. Le deuxième élément, est que cette manifestation s’inscrit dans la crainte de leadership au niveau de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée). Donc à partir de là, les justifications qui accompagnent cette manifestation ne paraissent pas crédibles et sérieuses.
Quelle analyse faites-vous de la reprise du dialogue politique ?
Ce qui me sidère est que la plus-part de ces personnalités qui appellent au dialogue sont des parlementaires qui siègent à l’Assemblée nationale. Mais l’espace le plus approprié pour les parlementaires qui sont dans le cœur de l’institution, sont les commissions de toutes natures pour poser les problèmes et approfondir la réflexion afin d’engager des propositions de solutions qui peuvent permettre d’avancer. Mais pourquoi déserter l’Assemblée nationale pour manifester et dire qu’on va s’asseoir autour d’une table? C’est à ce niveau qu’il y a un grave problème dans ce pays. C’est la manifestation la plus achevée de la mal-gouvernance.
Les accords remettent en cause les fondements réglementaires et les textes institutionnels de notre pays. Regardez les délégations spéciales aujourd’hui, il y a partage entre cette opposition et la mouvance. Par ce qu’elles se partagent le territoire national à travers des délégations spéciales. Au regard des lois de la République de Guinée, ces délégations spéciales ne représentent pas la légalité constitutionnelle. Mais quand cela arrange, on fait fie des lois de la République. En d’autres termes, ces soi-disant accords sont faits pour trouver des arrangements à des situations qui rentrent plutôt dans le cadre de clans et personnel que national.
L’Assemblée nation est le cadre de dialogue approprié. Pourquoi, ils sont députés ? Des gens sont morts pour qu’il y ait des élections législatives dans des conditions difficiles. Alors pourquoi ne pas exploiter le fait qu’ils sont au niveau du parlement pour poser certains problèmes ? Et pourquoi ne pas également, pour une soi-disant opposition, mettre à profit le fait qu’elle gouverne en partie le territoire national à travers ses délégations spéciales, pour montrer une autre capacité de changer la gouvernance de la ville ? D’un autre côté il y a du travail pour une opposition sérieuse dans notre pays.
Pourquoi vous ne croyez pas à cette opposition ?
Je ne reconnais pas une incarnation véritable digne de nom en cette opposition. Je les considère comme disait le Président Senghor ‘’crypto-personnel’’. Une vraie opposition, c’est à travers une alternative, une vision de l’avenir et du futur de la Guinée, c’est aussi à travers une conception sur comment gouverner nos ville, comment améliorer la gouvernance, comment répondre à l’attente des jeunes et des femmes qui sont dans une situation désespéré, comment reconstruire un pays qui, économiquement à des potentialités, mais est complètement en retard.
Quelles sont vos impressions par rapport au processus de réconciliation dans notre pays ?
J’ai été l’une des rares personnes qui a été ministre de la réconciliation nationale. On avait commencé un travail extrêmement important qui n’a été poursuivi. Le président Alpha Condé a jugé important de mettre en place une commission provisoire de réconciliation nationale. A l’heure actuelle on ne peut que s’en réjouir et prendre ce rapport final comme étant un élément de base permettant d’entrevoir le future des dynamiques en mettre en force pour que la réconciliation nationale devienne une politique avec des programmes et non des déclarations. Et pour cela il faut se mettre au travail ; il faut que les citoyens et la société civile dans sa globalité utilisent ce document comme étant un élément permettant d’aller beaucoup plus en profondeur. Mais, en tant que leader d’une UFDG qui se veut une opposition constructive, il y a des situations où vous devez quotidiennement vous battre. C’est la raison pour la quelle, dans le cadre de la dynamique de la réconciliation nationale, à travers nos action de rencontre de contacte avec les coordinations régionales, on développe des politiques allant dans le sens d’une vision d’avoir une Guinée réconciliée au-delà des ethnies. Et en ce qui concerne la lutte interne pour le leadership au niveau de l’UFDG, on s’est carrément démarqué d’une vision ethnocentrique marquée que prône Céllou Dalein pour aller dans le sens net et clair que c’est toute la Guinée qui nous intéresse et non une communauté et pas une région.
A votre avis, qu’est ce qui pourrait être la réussite ou l’échec de ce défi ?
On est condamné à réussir si on veut que la Guinée aille de l’avant. C’est vrais que certains sont septiques, c’est tout à fait normal par ce que les guinéens ont été longtemps désabusé. Il y a eut beaucoup d’espérance qui n’ont jamais été concrétisé. Depuis l’indépendance, c’est toujours des rendez-vous manqué. Et donc cela a fini par donner le sentiment à tous les guinéens que rien n’est possible dans ce pays. Mais personnellement je crois que pour chaque chose, il savoir se battre. Nous sommes entrain d’enclencher un nouveau cycle politique pour les générations futures. Ce n’est par ce que je le dis, mais c’est la réalité sociologique et politique de la Guinée qui le veut ainsi. C’est un nouveau cycle politique est entrain de démarrer qui exige plus de responsabilité, une démarche prospective pour la Guinée de demain. Et c’est raison pour laquelle je suis profondément optimiste et on est dans la bonne direction.
Qu’en est-il du contentieux qui vous oppose au président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo?
Vous savez, au delà de sa personne et de la mienne, c’est la lutte entre deux courants politiques qui constituent le passé et l’avenir. Le passé c’est l’esprit du parti unique, la culture du pratique Etat dont Cellou Dalein est l’héritier et l’incarnation. Bah Oury est l’incarnation de la génération qui s’est battu pour les droits de l’homme. C’est celui qui se bat pour un débat démocratique et pour un changement. Momentanément, on a cru dans le cadre d’une même institution politique, que les deux courants n’étaient pas expressément identifiés. Aujourd’hui, ces deux courants politiques sont nettement identifiés et c’est la raison pour laquelle la lutte âpre qui se fait et chacun, avec sa mentalité et sa culture utilise sa stratégie qui lui est propre. D’un côté, la violence, le mensonge et la négation. De l’autre côté une démarche pédagogique pour convaincre. Et je pense que malgré tous, la vérité triomphera.
Parlez-vous de vos rapport avec les alliés de l’UFDG, notamment les députés Aboubacar Sylla et Jean Mark Téliano ?
Au lendemain de la tentative d’assassinat sur ma personne qui a causé la mort de Mohamed Koula, j’ai vu un certain nombre d’acteurs politique dits de l’opposition apporter leur soutien à Cellou Dalein Diallo. Pour moi, c’est un élément extrêmement important, où dans le cadre d’une affaire pénale où il ya eut meurtre, certains n’ont pas fait preuve de jugement. Ils se sont mis à faire des déclarations pour apporter leur soutien à quelqu’un qui demain, pourrait être présenté comme étant un des principaux acteurs de ce vendredi 5 février 2016. Cela me pause un sérieux problème en terme de sens de responsabilité et aussi de prudence qu’une personnalité politique qui envisage à un moment donné étaient des ministres de ce pays, je pense qu’il y a des attitudes qu’il ne faut pas prendre à la légère.
Entretien réalisé par
Ismael DIALLO