Je vous livre la note que j’ai envoyée aux instances de l’UFDG le 07 février dernier, suite à la décision d’El hadj Cellou de procéder à l’émiettement de la Fédération UFDG de New-York en quatre micro-fédérations. Deux mois plus tard , mes propos se sont avérés justes . Bonne lecture.
AU PRESIDENT DU PARTI
AUX MEMBRES DU CONSEIL POLITIQUE
AUX MEMBRES DU BUREAU EXECUTIF NATIONAL
AUX SECRETAIRES FEDERAUX
AUX SAGES
La décision signée le 27 janvier par Elhadj Cellou pour procéder à la division de la Fédération UFDG de l’ Etat de New-York en quatre micro-fédérations crée une source potentielle de conflits, d’émiettement et de perte d’influence de l’UFDG en Amérique.
Pourtant, je n’ai cessé d’attirer l’attention d’El hadj Cellou sur les risques que cette proposition comporte. Dans un mail du 04 décembre 2012, j’avais écrit « la proposition de décentraliser la fédération de New-York est inopportune et dangereuse pour l’UFDG aux USA. En plus elle me paraît suspecte. Il faut arrêter ces règlements de compte ». Le 03 janvier 2013 j’avais renchéri « lI faut au préalable un consensus avec les responsables, les militants et les sympathisants de la Fédération de New-York pour procéder à une décentralisation. Il est manifeste que ce consensus n’existe pas et en plus cette restructuration signifie la mort de l’UFDG aux USA, car elle est contraire aux statuts et aux principes organisationnels d’une véritable institution. Soyons plus responsable et sachons faire prévaloir l’intérêt exclusif de l’UFDG ».
Ces remarques étaient aussi partagées par la majorité des responsables et des militants de l’UFDG de New-York. Pour trouver une base consensuelle d’entente avec les responsables à Conakry les responsables de New-York mandatèrent une délégation comprenant El hadj Kaba BAH et Fatou Chinois auprès du Conseil Politique pour plaider en faveur du point de vue majoritaire. D’autres personnes ressources résidentes à Conakry ont été par mes soins également invitées à sensibiliser EL hadj Cellou sur les risques que cette proposition peut générer contre le parti.
En effet diviser en quatre micro-fédérations la fédération de New-York revient à émietter le parti et à dresser les militants en groupuscules antagonistes les uns contre les autres. Déjà, il est notoirement constaté que la rivalité entre des associations régionales et communautaires comme Pootaal-fi-Mbantal et Union du Fouta a compromis la cohésion et l’unité des membres de l’UFDG aux Etats-Unis. En rajouter en divisant la Fédération, sera suicidaire. Actuellement la direction de l’UFDG à New-York est le rare lieu où cohabitent et se retrouvent toutes les sensibilités, cela mérite d’être conforté. Le nier et l’effacer amèneront sans aucun doute à priver la communauté guinéenne d’une boussole politique sans laquelle les militants de l’UFDG seront condamnés à la dispersion et à la réclusion dans des associations de ressortissants sans aucune influence sur la vie politique.
Diviser la Fédération UFDG de New-York au profit de « comité de soutien » sera, livrer les structures du parti à de clans qui n’ont jamais montré leur capacité de rassembler et d’unir toutes les composantes de l’UFDG.
Diviser la Fédération UFDG de New-York, en dépit de l’opposition de la majorité des militants, sera un acte anti-démocratique et une négation des valeurs qui fondent l’UFDG.
Dans le fond, le Conseil Politique en divisant les fédérations de Ratoma, Kindia, Coyah, et autres a fait un mauvais diagnostic des insuffisances constatées dans le fonctionnement du parti. D’abord il est essentiel de noter que la faiblesse politique des partis politiques guinéens est principalement liée à des lacunes organisationnelles et conceptuelles. La référence dominante est l’expérience du parti Etat du PDG qui n’est plus en phase avec les exigences de la société guinéenne d’aujourd’hui. Hier dans un environnement non démocratique et non concurrentiel les incantations démagogiques à la « gloire du leader » suffisent. Il suffit d’avoir des « surveillants » comme responsables pour imposer la doctrine officielle qui se ramène à « la pensée du guide éclairé », les mêmes rengaines qui sont de manière récurrente vociférées dans les « assemblées générales ». Aujourd’hui, tout est différent. Il faut innover, être à l’écoute de la société, anticiper sur les besoins et les attentes et préparer l’avenir en investissant sur la formation des hommes et des femmes pour faire émerger une élite politique apte et capable de gouverner le pays. L’organisation à mettre en place doit répondre à cet objectif : fermeté sur les principes, pérennité des structures, clarté des choix politiques et concertation –participation comme méthode de gouvernance.
Cette approche est le fruit de l’expérience et de la volonté de fonder une institution politique stable et impersonnelle. La démocratie est suffisamment fragile et a besoin d’un socle solide pour se développer. D’où la nécessité absolue de conférer une cohérence et une stabilité aux structures du parti conformément aux statuts que nous sommes censés défendre et respecter.
Pour cela, le comité des « assistants techniques » à raison de 2 par fédérations a été créé et animé par mes soins avant le 1er tour des présidentielles de juin 2010. Ces cadres ont eu à encadrer les fédérations du parti pour l’organisation des élections et la formation des militants. Cette équipe qui aurait dû capitaliser les acquis et servir de pôle d’excellence pour organiser, animer, épauler et former les responsables intermédiaires du parti a été ignorée et dissoute après mon départ en exil.De même la cellule communication interne composée de jeunes cadres du parti qui a été mise en place et qui publiait le bulletin interne de l’UFDG a été également abandonnée à elle-même.
Ces deux structures centrales du parti étaient les instruments pour permettre une meilleure organisation de toutes les fédérations du parti.
En plus le schéma organisationnel prévu par les statuts favorisait le recensement et l’enregistrement de tous les militants et responsables, comité de base par comité de base, sections par sections, et fédérations par fédérations. Un logiciel s’inspirant de celui du RDR d’Alassane Ouattara a été conçu sous la direction de feu El hadj BA Mamadou au cours du 1er semestre 2007. Le responsable au poste d’administrateur du siège devait traiter, gérer et contrôler l’introduction des informations collectées auprès des structures de base. Ce travail a été dans une large mesure entamé correctement. Cela a aidé pour le recensement des électeurs en 2008 et 2009 et pour la capacité de mobilisation de l’UFDG. Bien entendu avec près de 500 comités de bases dans Conakry et 80 responsables par comité de base, il nous était facile de mobiliser une centaine de milliers de personnes en moins de 48 h. Que reste-t-il aujourd’hui de ces acquis?
La partition des fédérations en micro-fédérations est un aveu que « l’acquis n’a pu être maintenu ».
La négation de l’existence des sections qui sont « la colonne vertébrale du parti » casse la dynamique de la construction d’un véritable parti structuré avec une forte capacité de mobilisation et d’une rapide réactivité.
La division des fédérations est une mauvaise réponse aux graves dysfonctionnements de l’UFDG.
Persister dans cette direction reviendra à tourner le dos aux intérêts de l’UFDG et à hypothéquer son développement et son avenir.
Les décisions bureaucratiques ne feront qu’accentuer le mal et ruiner à terme l’influence du parti sur la société guinéenne. L’UFDG a une vocation démocratique et par conséquent son organisation et son fonctionnement sont régis par les statuts. Le tripatouillage des structures pour satisfaire des clans est anti-statutaire et constitue une violation des règles démocratiques afin de « diviser pour régner ».
Je suis absolument opposer à cette manière de faire, car cela ruine les chances de l’UFDG d’être une institution forte, crédible, ouverte, accueillante et démocratique. Le changement dont la Guinée a besoin nécessite que l’UFDG soit une « institution politique forte » régie par des règles de droit que nous avons librement acceptées au IVème congrès en août 2009.
Je m’inscris dans cette dynamique avec plus de force et de conviction, car l’avenir de l’UFDG et l’instauration de la démocratie dans notre pays en dépendent. Défendre les intérêts de l’UFDG est un devoir pour maintenir son développement, et par conséquent s’opposer et refuser tout acte concourant à sa ruine est légitime.
7 février 2013
BAH OURY
1er Vice- Président de l’UFDG