Entretien accordé à Amadou Tham CAMARA de Guinéenews le 26 juillet 2013
Question 1 : La liste de l’UFDG à l’uninominale et à la liste nationale a été déposée. Quelle lecture globale en faites vous ?
BAH Oury : Comme vous le savez, j’ai décliné la proposition qui m’était faite d’être inscrit dans la liste nationale en deuxième position. Ce refus a été acté avant l’ignominieux verdict de la cour des assisses de Conakry me condamnant à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de la saisie des biens . Cette lourde peine a été infligée aussi à cinq autres compagnons d’infortune . Ce rappel pour indiquer que ma motivation est liée directement au rejet de la gouvernance politique qui a abouti à la signature des « accords politiques inter-guinéens » qui ont sanctionné le triomphe de la culture d’impunité et qui ont porté un coup dur à la cause de la démocratie en Guinée. Le viol de la constitution, le non respect des règles édictées par le code électoral et le règne de la terreur par l’organisation des tueries ciblées contre les manifestants de l’UFDG m’ont poussé à ne pas accepter de contribuer à légitimer une « mascarade électorale » dont les résultats sont connus d’avance.
Chaque responsable et militant de l’UFDG aura face à ces élections législatives une attitude conformément à son ultime conviction.
Question2 : Sur cette liste, il y a au moins deux personnes qui ne sont pas membres de l’UFDG et qui sont plutôt bien placées. Quel est votre avis la dessus ?
BAH Oury : D’abord la logique politique du scrutin proportionnel de la liste nationale est ignorée. Ce mode de scrutin permet à chaque parti s’estimant avoir une influence significative de compétir sous ses propres couleurs. En se fondant dans la liste de l’UFDG, je crains fort bien que l’UFC et le NFD n’aient signé leur effacement du paysage politique guinéen. En toute logique , les alliances ont leur raison d’être au niveau du scrutin uninominal à un tour qui concerne l’élection dans chaque préfecture et dans chaque commune de Conakry d’un député au scrutin majoritaire. A ce niveau il est compréhensible et raisonnable de faire des alliances .
En dehors de cela , les positions privilégiées de ces deux personnes , sont accueillis avec amertume et frustration par de nombreux militants et responsables . Ils y voient l’expression d’un mépris à l’égard et aussi un affaissement du leadership de l’UFDG .
Je précise que cette politique est celle qui a prévalu lors de la désignation des commissaires de la CENI où malgré le poids électoral et aussi le lourd tribut qu’elle seule est comptable pour le changement démocratique, l’UFDG a été sous-représentée. Ainsi les mêmes causes conduisent fatalement aux mêmes effets.
Question3 : Vos proches n’ont pas été bien servis sur cette liste, selon certains. Et-ce vraiment votre avis ?
BAH Oury : la politique de marginalisation des « proches de BAH Oury » n’a pas commencé avec la confection de cette liste pour les élections.
Question 4 : Quels sentiments vous inspirent les événements de Nzérékoré ?
BAH Oury : C’est un cri du cœur que je lance, pour alerter les opinions nationale et internationale que le spectre de la guerre civile menace la Guinée.
Malheureusement les élites guinéennes sont en général sourdes et aveugles devant le danger que représente la gouvernance d’Alpha Condé . Chacun espère se « faufiler » pour sauver sa peau et participer à la ripaille. Ce cynisme est grave et dangereux. Ne rien faire ,c’est voir demain la Guinée notre beau pays embourbée dans des conflits meurtriers et interminables. J’espère que la clameur populaire fera émerger dans peu de temps le sursaut national salvateur.