ARTICLE DU SITE GUINEENEWS : LECTURE RECOMMANDÉE
Le dossier des millions de dollars et euros en espèces saisis à Dakar semble être en train d’être noyé par le pouvoir sur le thème “Circulez! Il n’y a rien à voir!”, cette fois-ci, l’audience n’est pas le public guinéen, mais les purs et durs du parti présidentiel, lors de l’Assemblée hebdomadaire du RPG ce samedi 30 août à Conakry. Ceci à défaut de s’expliquer devant les instances républicaines du pays.
Malheureusement à défaut de pouvoir donner des clarifications cohérentes et des preuves tangibles de l’origine et de la destination des fonds (qui existent pourtant, puisque chaque transaction bancaire est menée sur la base de documents traçables) même devant les thuriferaries du Parti, le pouvoir entretient des doutes et risque d’accréditer la thèse du « flagrant délit » possible dans une opération de blanchiment de capitaux de la drogue.
Cette thèse repose sur le tâtonnement, le manque de cohérence, l’improvisation, les accointances récentes de la Guinée avec les cartels de drogue, et le fait que le capital de 80 millions annoncé ne pourrait être le fait de dépôts de commerçants ordinaires et d’entreprise.
Si la Guinée ne creuse pas l’abcès en ce moment, d’autres voix non guinéennes plus autorisées s’intéresseraient à l’affaire et les sessions d’explication ne seront loin d’un discours simpliste devant les militants du RPG, prêts à croire à tout ce qui donne une aura prophétique de leur leader.
Ce problème n’est pas une occasion de faire de la politique partisane. Il s’agit plutôt de l’éclaircir pour éviter à la Guinée d’être isolée par un cordon financier international de sécurité, en plus du cordon sanitaire qui l’éprouve déjà.
Ceux qui banalisent ce problème en acceptant les explications bancales et incohérentes de la BCRG font autant de mal que ceux qui nient le danger réel de la maladie d’Ebola. Ceux qui aveuglés par leur révulsion face à la gestion courante des affaires courantes du président de la Guinée, applaudissent cette bourde du pouvoir, doivent aussi savoir que les retombées – comme Ebola – vont éclabousser tous les Guinéens qui risquent d’être ciblés en plus de porteur de virus, comme porteur de valises d’argent sale et subir un examen approfondi aux postes de frontières étrangers.
Ci-dessous nous examinons les pistes probables qui présentement, selon nos information intéressent énormément les services occidentaux de renseignements qui sont aux prises avec le nexus de la drogue financant le terrorisme international qui touche directement leurs intérêts stratégiques à travers le monde.
La piste de blanchiment des capitaux de la drogue examinée par les services secrets occidentaux.
Le rapport, un diplomate américain du nom de David E. Brown qui servit comme Chef de Mission Adjoint au Benin, au Burkina Faso et Mauritanie, et comme conseiller du Directeur de US Africa Command (AFRICOM) a réalisé un rapport au compte de l’Institut des Etudes Stratégiques de l’armée américaine sur « Les défis du trafic de la drogue à la gouvernance démocratique et la sécurité en Afrique de l’Ouest ». Ce rapport qui fut publié en May 2013 pointait du doigt la Guinée sous le régime d’Alpha Condé comme le prochain « Narco-Etat » du monde après celui de la Guinée Bissau. Les observations et conclusions de l’ancien diplomate américain se basent sur l’inclination des régimes à composer avec des réseaux mafieux afin de garder leur pouvoir et influence.
L’auteur David E. Brown pense que les réseaux latino-américains sont déjà établis à Conakry et rappelle qu’en 2010, le gouvernement américain avait désigné Ousmane Conté, le fils du Président Conté, comme un baron de la drogue. D’autre part, Brown note qu’il avait même eu une tentative de construction d’une usine de fabrication de la drogue ecstasy et remarque que les citoyens Guinéens sont de plus en plus impliqués dans le trafic de la drogue. Le rôle important de la Guinée Bissau et la Guinée Conakry dans le trafic international de la drogue par voie maritime le long de la latitude 10 degrés Nord reliant la côte nord de l’Amérique du sud aux côtes guinéennes avait amené les services de lutte contre le trafic de la drogue à designer cet axe Guinéo-Sud-américain « l’autoroute 10 », qui sert à convoyer le haschisch et la cocaïne. La Guinée est considérée comme l’un des entrepôts de ce trafic.
Sur le rôle du régime d’Alpha Condé, Brown écrit dans son rapport : « Bien qu’Alpha Condé fût le premier président démocratiquement élu en Novembre 2010, son mandat a été affaibli par le retard mis à organiser sur les élections législatives et le manque de progrès dans la reforme du secteur de la sécurité, laissant en place une bureaucratie militaire surdimensionnée qui est plus intéressée à maintenir ses avantages que de lutter contre le trafic de la drogue. Comme en Guinée-Bissau, la Communauté Internationale doit urgemment travailler avec le régime Condé pour inverser la mainmise des trafiquants de drogue sur l’Etat. »
Selon les données du département d’Etat cité dans le rapport de Brown, la Guinée a une règlementation sur le transport transfrontalier de devises, mais il n’est pas sûr que celle-ci soit conforme à la norme internationale. Cependant, la BCRG est la seule institution dans la sous-région qui n’ait pas adopté les précautions élémentaires pour le contrôle le blanchiment de fonds. Puisque la Guinée ne pénalise pas le blanchiment de fonds, à moins qu’il y ait un lien avec trafic de la drogue, la BCRG n’impose pas l’obligation de connaitre les dessous de l’identité de ses clients (« know your client » requirement), n’exige pas que les transactions financières impliquant de larges sommes soit enregistrées et déclarées aux autorités de surveillance, ne répertorie et pas et ne déclare pas les transactions douteuses, et ne maintient pas la documentation des transactions sur une longue période de temps. Au vu des failles internes de la BCRG, Brown propose l’ouverture d’une branche de l’Agence américaine de lutte contre le trafic de la drogue (DEA) à Dakar, et d’un nouveau bureau à Bissau ou Conakry.
La piste de la drogue est plausible, seules des preuves tangibles peuvent l’écarter
Plus récemment, le dernier Rapport Departement of State du gouvernement des Etats-Unis identifie clairement les défis de lutte contre le trafic de drogue et l’utilisation de la Guinée comme lieu de blanchiment de l’argent de la drogue des narcotrafiquants latino américains.
Le gouvernement américain y écrit notamment: “ le programmes de lutte contre la drogue est en difficulté en et a eu très peu d’amélioration depuis l’élection du président Alpha Condé en 2010. (…) Depuis son entrée en fonction, le président Condé a réorganisé une agence préexistante maintenant appelé le Bureau du Secrétariat général de Lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée et la répression de la criminalité économique et financière. Ce bureau tombe directement sous le contrôle du président Condé, mais il y a peu de preuves tangibles de progrès récents accomplis par ce bureau pour lutter contre les crimes de drogue, mises à part des saisies occasionnelles de marijuana. En outre, il y a un manque de clarté sur les questions de compétence, comme plusieurs organismes (comme les douanes) sont également impliqués dans les activités de lutte contre la drogue.”
Le rapport fut l’objet de publication par l’agence Reuters qui titrait: “la forte hausse du trafic de cocaine en Guinée, sape les efforts du président Condé pour redresser la Guineé” On y apprenait que “des Guinéens et des Latino-Américains accusés depuis toujours de contrebande opèrent librement dans le pays, certains avec une protection à de haut niveau au sein de l’administration de Condé”.
Plus loin, l’agence revèle ce que beaucoup de Guinéens savent: “Un rapport de l’agence guinéenne de lutte contre la drogue rapporte que les trafiquants opéraient sous la protection des hauts fonctionnaires civils, militaires et policiers. Il y est écrit que les revenus tirés du trafic de drogue sont blanchis par divers moyens, y compris l’immobilier, les entreprises de pêche et les opérations minières locales.”
Le lien avec le financement du terrorisme est une autre possibilité
Les observateurs s’inquiètent qu’un pays comme la Guinée, où l’Etat de droit est en faillite, la corruption rampante, et les garde-fous de la démocratie inexistants, pourrait offrir un environnement idéal pour l’implantation des cartels de la drogue, le blanchiment d’argent, et le financement du terrorisme.
Le rapport Brown, parle notamment de la “forte possibilité” que le blanchiment de l’argent de la drogue est l’une des sources de financement des organisations telles que le Hezbollah, AQMI, Ansar Dine, Boko Haram etc… tous classées comme terroristes par les occidentaux.
Un article d’Africa Argument du 6 août 2013 tirait la sonnette d’alarme sur la possibilité que le trafic de la drogue puisse transformer la Guinée en un centre de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme. L’article était basé sur le rapport de Brown. Michael Keaton soutient l’existence de réseaux libanais établis en Afrique de l’Ouest et en Amérique du sud qui utilisent leurs liens familiaux pour mobiliser les fonds de la vente de la drogue qu’ils blanchissent ensuite dans le système financier de l’Afrique de l’Ouest. Il y aurait même des acteurs politiques non étatiques, tels que Hezbollah, qui bénéficieraient de tels réseaux pour financer leurs opérations dans le monde entier.
Quand à Dubai, la destination avouée des millions de dollars en espèce sonnantes et trébuchantes de la Guinée, il a longtemps été accusé par les occidentaux comme étant une des sources de financement – privés – du mouvement extrémiste de l’état islamique en Syrie et en Irak.
Le FMI aux abonnés absents
C’est normalement le FMI qui pouvait éclairer la lanterne des Guinéens et écarter l’hypothèse de blanchiment d’argent de la drogue. Le FMI a mandat d’aider les pays membres à promouvoir la bonne gouvernance et à combattre la corruption dans le cadre de ses activités de surveillance, de prêt et d’assistance technique. Le FMI prête une attention particulière à la lutte contre le blanchiment de capitaux.
Selon les informations disponibles sur le site du FMI, en avril dernier, son directeur général adjoint Min Zhu avait déclaré que « Les mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement terroriste constituent donc non seulement un impératif moral, mais une nécessité économique.» Vu l’ampleur du problème et les risques élevés pour le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, connu dans le jargon du FMI sous le sigle LBC/FT, les missions du FMI en Guinée étaient censées examiner chaque année, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV (missions de surveillance) l’évolution de la situation de gouvernance, tirer la sonnette d’alarme sur les risques évidents, et donner des conseils au gouvernement.
Si la mission de surveillance abouti à un concours financier, comme le FEC dans le cas de la Guinée, le FMI impose normalement des mesures spécifiques qui seront érigée en conditionnalités de bonne gouvernance, notamment le renforcement du contrôle des dépenses budgétaires, la publication des comptes audités des organismes publics et des entreprises publiques, la publication des comptes audités de la Banque centrale, et l’application plus stricte de la supervision bancaire. Le FMI assiste aussi les pays à faible gouvernance à renforcer les mesures relatives au LBC/FT. Cette assistance est sous forme d’évaluation des dispositifs juridiques et réglementaires des pays membres et d’assistance technique finance par un fonds fiduciaire établi à cet effet. D’ailleurs en Juin 2011 Conseil d’administration du FMI avait examiné un rapport sur l’évolution du programme de LBC/FT du FMI au cours des cinq années écoulées. Par la suite le FMI a publié en Décembre 2012 une Note d’orientation sur l’inclusion de la LBC/FT dans la surveillance et les évaluations de la stabilité financière.
La Note défini aussi le cadre pour traiter des cas de blanchiment des capitaux, du financement du terrorisme et des délits connexes qui sont si graves qu’ils mettent en danger la stabilité intérieure et de la balance des paiements. Les évaluations du FMI auraient dû relever le risque de blanchiment d’argent et travailler avec le gouvernement pour colmater les failles du système, notamment le manque de précautions élémentaires pour la détection du blanchiment de capitaux, le laxisme des procédures bancaire qui permettent le recrutent opaque de presta ires qui ne sont pas à la hauteur, qui préconisent l’envoie d’espèces par des moyens détournés (Conakry-Dakar-Dubaï-New York), et le danger que les dépôts à la banque centrale pourraient être contaminés par l’argent de la drogue. Plus connue pour vanter le gouvernement (le dernier satisfecit était le fait pour la Guinée de franchir le seuil de 9,9% d’inflation alors que la moyenne pour la l’Afrique est au tour de 6%), cette affaire de Transfer bancaire est une occasion pour le FMI de demontrer qu’il assume pleinement son role et qu’il n’est pas au sevice du pouvoir.
Défense toujours bancale du pouvoir. Plus de questions que de réponses.
Le pouvoir refuse systématiquement de répondre aux simples questions que tout services de renseignements va se demander: D’où vient cet argent et où va t-il? Et pour répondre à ces questions, il faudra plus que des déclarations lapidaires (Circulez! Y a rien à voir!) mais des preuves palpables: virements électroniques, bordereau d’embarquement, de débarquement, déclarations douanières, plan de vol d’avion, relevés de comptes bancaires etc….
Les recettes de la Guinée proviennent essentiellement de l’exportation des minerais de l’ordre de 1,3 milliards de dollars par an selon la CIA World Factbook. Ces paiements se font généralement dans des comptes de la BCRG domiciliés à l’étranger dans des banques occidentales. Ni Rio Tinto, ni Alcoa, ni Ashanti Gold ou RusAl – les principaux exportateurs de bauxite et d’or – ne se risquerons de déposer du cash en Guinée sous risque de se voir dans le collimateur du Trésor américain très à cheval sur le balanchiment de drogue et le financement du terrorisme. En plus pour les achats locaux, le Franc Guinéen étant la monnaie officielle du pays, le gouvernement guinéen n’a pas besoin de devises étrangèeres, disposant du droit souverain de la planche à billet, qui à son crédit, n’est plus utilisé de facon anarchique comme avant. Comment ces sommes se sont retrouvées en Guinée? Sont elles issues du circuit officiel? Voilà les pistes que les services de renseignements de nos jours utilisent leur méthodes d’iespionnage modernes pour répondre à ces questions. Les Guinéens ont aussi droit à savoir l’orgine et la destination réelle de ces fonds.
D’ou la question toujours non répondue: d’ou vient cet argent embarqué vers Dubai? Puisque la Guinée ne produit pas de dollars ou d’Euros, montrez les traces d’entrée légales de ces sommes dans les coffres de la Banque Centrale.
La Guinée a une réglementation sur le transport transfrontalier des devises, donc le transport en lui-même n’est pas illégal. La législation est-elle conforme aux normes internationales ? la BCRG peut-elle confirmer que la législation était respectée ? Et si les prestataires ou d’autres parties mal intentionnées ont profité des failles de sécurité présentes dans la méthode courante de Transfer pour y adjoindre leurs activités illicites ? Est-ce que la BCRG peut démontrer que les précautions d’usage qu’elle a prises étaient suffisantes? Pourquoi la somme transportée était différente de la somme déclarée ? Sur quelle base la BCRG a-t-elle décidé de donner sa confiance à un convoyeur débrouillard pour une activité aussi délicate qui demande professionnalisme, confidentialité et sécurité ? Qu’est-ce qui motive le choix d’une banque de Dubaï, une ville réputée pour le blanchiment d’argent et le soutien aux organismes extrémistes dans la région.
Quand le pouvoir déclare mordicus concernant l’origine des fonds que: « ce sont des fonds déposés par les banques commerciales ainsi que des entreprises guinéennes. Je précise à ce niveau que ces fonds peuvent être en devises tout comme en francs guinéens. Quand l’argent atteint un certain montant à la BCRG, nous sommes obligés de transférer à l’extérieur. » Soit. Pour convaincre tout le monde, il suffit de montrer les dépôts correspondants de commerçants ou d’entreprises dans les banques commerciales, les titres que la BCRG a émis a ces banques en échange de leur dépôt, et la confirmation de versement des sommes au niveau de Citibank New York qui est la destination finale. Mieux est ce que la BCRG pourrait produire ces preuves pertinentes pour taire les spéculations. La BCRG pourrait par exemple démontrer que la méthode de Transfer a fait l’Object d’une évaluation du FMI sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et que la BCRG a mis en place des sauvegardes LBC/FT conformes aux normes internationales, et qu’elle a confirmé que le transfert est conforme à cette politique.
Et la deuxième importante question: Ou allait cet argent? Montrez les certificat de virement des institutions dans lesquelles cet argent aurait été déposé. Pour surmonter les doutes des Guinéens que les institutions bancaires récipiendaires soient autorisées à confirmer cela publiquement que XXX millions de dollars ont bel et bien été déposés dans leurs coffres au nom du peuple de Guinée.
La BCRG n’étant pas une institution du Parti RPG et de son Président, les Guinéens ont le droit de poser des questions sur sa gouvernance et même d’exiger des explications.