Contribution de BAH Oury au séminaire organisé par le Centre de Politique Internationale et d’Analyse des conflits de l’Université Toulouse- Capitole le 11 avril 2015
La région de l’Afrique de l’Ouest qui compte prés de 330 millions de personnes , requiert davantage l’attention médiatique car elle au cœur de l’arc d’instabilité qui va de la Mauritanie au Nigéria et à la Corne de l’Afrique. Cet intérêt est marqué depuis le début de ce siècle par la persistance de conflits intra-étatiques . Les guerres civiles ont ensanglanté le Liberia, la Sierra-Léone ,la Côte-d’Ivoire et le Mali. Le sud du Sénégal ,la Casamance est dans un cycle de guerre larvée .La région des pays du Lac-Tchad et le Nord-Est du Nigéria sont en proie aux exactions et à la violence que sèment Boko-Haram . La Guinée, la Guinée-Bissau ,la Gambie et la Mauritanie connaissent des cycles d’instabilité politique et sociale récurrente. Bref presque aucun pays de cet espace géographique n’échappe d’une manière ou une autre à la manifestation de crises politiques et sociales dont les référents ethniques et identitaires sont les principaux marqueurs.Passons en revue quelques cas à titre d’illustration.
La crise en Casamance ou la difficile intégration dans l’espace national sénégalais
Le 26 décembre 1982 , le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance de l’Abbé Diamacoune Senghor organise une manifestation pacifique à Ziguinchor pour réclamer l’indépendence par rapport au Sénégal . Le drapeau Sénégalais est brûlé et celui du MFDC est hissé . La répression fut violente et quelques morts sont dénombrés. Dix années durant le cycle de répressions et d’attaques meurtrières sporadiques opposent les maquisards aux soldats. Les manifestations culturelles de la communauté Jola furent surveillées, car l’administration sénégalaise avait élargi la menace au niveau de l’expression culturelle qui selon elle était l’occasion de rites initiatiques guerrières et de campagne de ralliements et de recrutements des « indépendantistes ». Ce n’est que le 31 mai 1991 qu’un premier cessez-le-feu est signé et qui sera remis en cause en avril 1995 avec la disparition en Casamance de quatre touristes français. Aprés plus de trois décennies , la paix en Casamance n’est pas encore là. La question de la Casamance est ainsi un élément structurant de la diplomatie sous-régionale des différents gouvernements du Sénégal . Le Président Macky SALL a fixé le retour à la paix comme étant la priorité de ses priorités.
Quelles sont les facteurs explicatifs de la cristallisation identitaire ou indépendantiste en Casamance :
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La société Jola l’une des principales composantes ethniques de la région de Ziguinchor ,majoritairement animiste ou chrétien estime qu’elle est victime d’ostracisme , de marginalisation par rapport au reste du Sénégal. La Casamance ,région luxuriante où la riziculture prospère a connu durant les années 70 un afflux massif de populations venant du Nord du Sénégal cherchant à fuir la sécheresse et la crise de la monoculture d’arachide . Ce nouveau peuplement a dominante culturelle « oualoff » et musulmane prend possession des riches terres et colonise de nouveaux espaces agricoles en procédant à la déforestation. La communauté Jola s’est sentie triplement agressée : l’occupation des terres s’est faite à ses détriments , ses croyances religieuses qui s’articulent autour de la forêt sacrée aux boekin (fétiches) disparaissent faute de forêts et la pauvreté gagne davantage ses membres. Le rejet des nouveaux arrivants est ainsi nécessairement transféré à l’ensemble des représentations du Sénégal.
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L’existence de la Gambie comme un doigt qui pénètre à l’intérieur du Sénégal crée une certaine forme de discontinuité territoriale qui a accentué le sentiment de marginalisation et d’isolement .Pour certains l’irrédentisme jola est révélateur d’une crise du lien inégal entre un centre et sa périphérie. La configuration des frontières a accentué ce fait. Les autorités sénégalaises ont tenté à travers l’éphémère confédération sénégambienne d’y apporter une réponse mais qui n’a pas prospéré.
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Jusqu’en 1939 la Casamance a été gérée en tant que colonie française à part entière et ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que le rattachement à l’espace économique sénégalais devient effectif. Cette intégration somme toute très récente justifierait pour les tenants de la particularité casamançaise et la faiblesse des liens entre la périphérie (la Casamance ) et le reste du territoire.En plus si l’Etat est parvenu à imposer sa « capacité d’inclusion totale » par le biais de la rente liée à l’arachide sur la majeure partie du territoire il en a été autrement au Sud plus porté à la riziculture. En plus l’intégration a été abordée pendant une longue période dans un « sens horizontal notamment à travers les relations ethniques » ( Coulon 1972). Ainsi il était insuffisant de considérer la Casamance intégrée au Sénégal à travers la présence d’un seul ministre originaire de la région en l’occurrence Emile Badiane pendant la période senghorienne, alors qu’en 1960 une partie de la population souhaitée l’autonomie de leur territoire du fait de la spécificité Casamançaise.
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Le mouvement indépendantiste né d’une crise citoyenne a transformé en instrument politique en sa faveur le processus de construction identitaire en œuvre aussi bien en milieu jola que dans les autres composantes sociétales casamançaises . Cette dynamique était aussi présente dans les autres parties du territoire sénégalais où à l’époque les associations à caractères « culturelles » foisonnaient un peu partout. Cette quête nationale de réappropriation de son histoire voire de recherche d’authenticité et de promotion des langues nationales a alimenté le sentiment d’appartenance à une identité spécifique. L’affirmation de cette identité est en fin de compte le résultat d’une marginalisation dont se disent victimes les groupes ethniques Casamançais et non l’aboutissement d’un véritable consensus interethnique. Cela est renforcé par la crise économique du Sénégal dans les années 70 et 80 aggravée par l’application des mesures d’ajustements structurels préconisées par le FMI.
Le devenir de la Mauritanie ou la construction nationale en panne
La lecture de quelques coupures de presse permet de cerner les clivages politiques et communautaires qui structurent la société mauritanienne.
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Le chef du parti FPC (Forces Progressistes du Changement) M. Samba THIAM déclare : « Mohamed Ould Abdel Aziz se comporte plus comme un président de la communauté arabo-berbère qu’un président de toutes les composantes de la Mauritanie ».Il ajoute « ce communautarisme s’est manifesté dans le recensement discriminatoire à l’égard des Négros mauritaniens et des harratines ». M.THIAM a dans le même contexte estimé que « la décision de faire de la langue arabe celle des armées mauritaniennes est un autre exemple de ce communautarisme qui exclut les Négros africains de l’institution militaire. »
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Le 1er septembre 2014, le bureau exécutif du Manifeste des Haratines s’était réuni pour évaluer le bilan de ses revendications. Dans leur charte proposée à l’autorité publique ,les cadres haratines avaient demandé une meilleure représentativité dans les cercles décisionnels, la restauration de la citoyenneté et une plus grande prise en compte de l’unité nationale , la fin des privilèges sociaux, l’ancrage de l’égalité et de la justice et le règlement du dossier de l’esclavage.
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Le 2 septembre 2014 ,les Soninkés réunis au sein d’un Comité Représentatif des Soninkés de Mauritanie s’insurgent contre leur exclusion des institutions de la République en exhibant des statistiques.
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Avant cela ,les Wolofs avaient organisé un grand rassemblement pour clamer qu’ils étaient les grands oubliés du gouvernement du Premier Ministre Yahya Ould Hademine et les éternels exclus de la Mauritanie.
Toutes ces franges des élites mauritaniennes qui se sentent exclues ,revendiquent à juste titre une répartition équitable des postes dans les administrations et dans les armées. Elles contestent la sur-représentativité de la composante arabe (30%) qui occupe à elle seule l’essentiel des postes de commande du pays. La composante noire de Mauritanie à laquelle s’identifient maintenant les Haratines (40%) pourtant comptabilisés dans la catégorie arabe , dénonce l’hégémonie qui lui est imposée sur des bases subjectives. Ces revendications catégorielles encouragées par la politique des quotas instaurée de fait depuis 1978 par les différents régimes militaires remettent en cause une évolution harmonieuse de toute la société mauritanienne et renforcent l’accumulation des frustrations collectives.
En Guinée , institutionnalisation du communautarisme et risques d’implosion nationale
La Guinée est composée de quatre régions naturelles bien distinctes par les caractéristiques géographiques. Le littoral sur la façade atlantique ( Basse-Côte) ,région d’origine des soussous et des bagas, le territoire montagneux du Fouta-Djalon (Moyenne-Guinée) où dominent les peulhs, la région de la savane (Haute-Guinée) peuplée essentiellement de malinkés et la région forestière (Guinée-Forestière) qui est habitée par les guerzé, les tomas, les kissis et les manos.
L’éthno -stratégie comme moyen de se perpétuer au pouvoir :Les différents chefs de l’exécutif guinéen ont exacerbé les tensions ethno-centriques sous-jacentes dans la société guinéenne. Sékou TOURE ( 1958-1984) d’origine malinkée déclare la « guerre aux peuls » en 1976, Le Général Lansanna CONTE ( 1984-2008) se plaisait à dire sur les ondes de la radio nationale « le parent trompe mais ne trahit pas », le Capitaine Dadis CAMARA et le Général KONATE du CNDD font dériver la transition (2009-2010) dans des tueries à caractère ethnique à une plus grande échelle qu’auparavant. La politique qui consiste à diviser pour régner est utilisée ainsi au détriment des règles démocratiques et citoyennes. Les appareils administratifs et sécuritaires sont par conséquent bâtis avec la particularité ethnique comme principal critère au détriment des valeurs de compétences , d’intégrité et d’égalité des citoyens. La pratique ethno-stratégique des différents régimes au pouvoir à Conakry est la raison principale du déficit démocratique en Guinée.
La crispation ethnocentrique aggravée par la gouvernance d’Alpha CONDE :Le second tour des élections présidentielles de 2010 a été principalement marqué par la question ethnique. C’est ainsi qu’une rumeur savamment orchestrée « d’empoisonnement de sachets d’eau servis à des militants du RPG au cours d’un meeting de la campagne au Palais du peuple à Conakry » débouche sur « des chasses à l’homme contre les peuls» en Haute- Guinée fief du candidat Alpha CONDE. A Siguiri , leurs biens sont pillés ,quelques personnes furent tués et des milliers d’autres sont obligés de quitter cette région pour se réfugier dans leur territoire d’origine. Certains , dont les familles sont installées en Haute-Guinée depuis plusieurs générations sont chassés de leur terre pour des destinations où ils n’avaient plus aucune attache directe. Cette fracture a terriblement traumatisé toute la société guinéenne et a élargi le fossé entre les communautés peul et malinkè. Jusqu’à présent aucune action de repentance et de réparations n’est engagée par le Chef de l’Etat guinéen. Cette attitude n’est pas fortuite et ne se justifie pas seulement par l’âpreté d’une campagne électorale musclée . Elle correspond à une vision politique d’instrumentalisation en outrance des appartenances ethniques à travers un concept « tout sauf les peuls ». Ce slogan fait écho à « la guerre contre les peuls » lancée par Sékou TOURE en 1976 après avoir fait mourir de diète noire au camp Boiro le premier secrétaire général de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) M. DIALLO Telli.
A l’aune de la pratique gouvernementale , une « rwandisation » rampante du Fouta a conduit à l’émergence d’une structure appelée le Manden-Djallon. Cette organisation soutenue par le gouvernement dresse les populations ayant des noms à consonance malinkée contre les populations dites peules. L’objectif du pouvoir est de créer un clivage entre les peuls dits nobles ou foulassos et les peuls dits « esclaves ou rundés», rappelant le clivage artificiel entre les tutsis et les hutus de l’Afrique des grands lacs. Des conflits ont déjà eu lieu à Porédaka à Mamou . Récemment les populations de Lélouma au cœur du Fouta central se sont mobilisées en organisant des manifestations pacifiques pour exiger le départ du préfet local qui attisait dans les coulisses les clivages « foulassos et rundés ».
La région de la Guinée-Forestiére est celle qui a été le plus affectée par les guerres civiles du Libéria et de la Siérra-Léone à double titre . D’abord elle a accueilli sur son sol plus de 700 000 réfugiés. Ensuite elle a subi les contrecoups des prolongements des conflits qui avaient une dominante inter ethnique . Cette double réalité a crispé les relations inter-communautaires entre Tomas et guerzé d’un côté et de l’autre Tomamanias et Koniankés de Beyla où l’Ulimo avait recruté une grande partie de ses troupes. Les déchirures sociales que les guerres avaient occasionné restent vivaces dans la mémoire collective et ne sont pas totalement cicatrisées. A ces facteurs d’origine externe s’ajoutent les clivages exacerbés par la lutte pour l’appropriation des terres . Une politique sournoise d’expropriation foncière est en œuvre. Les révoltes paysannes contre la société SOGUIPAH (Société Guinéenne ‘des Palmiers à Huile et Hévéas) sont récurrentes notamment dans les environs de Yomou et Djéké. Depuis 2011 , des heurts meurtriers ont été enregistrés : Gallapaye en mai 2011 où périrent 35 personnes dans un affrontement entre groupe guerzé et Konianké. En juillet 2013 , 600 personnes périrent selon les Nations Unies et 1500 selon des sources locales lors d’un conflit sanglant opposant les Konianké et les populations forestières. En septembre dernier la sous-préfecture de Womey dans la région de N’zérekore a enregistré le massacre de 9 personnes dont 8 personnes appartenant à la délégation du Gouverneur de la région dans le cadre d’une « mission de sensibilisation contre Ebola ». Le gouvernement érigea Womé comme zone militarisée jusqu’en janvier 2015. Les 5000 habitants de de la localité se réfugièrent dans les villages avoisinant pour échapper à la répression militaire. Actuellement prés d’une centaine de paysans sont devant la cour d’assises de Nzérékoré.
L’existence des coordinations régionales au lendemain de la disparition de la dictature de Sékou TOURE en 1984 , se justifiait par la nécessité pour les populations guinéennes de recréer les solidarités basées sur l’appartenance au même territoire, d’abord le village, puis la sous-préfecture ,ensuite la préfecture et puis régionale .Les motivations étaient d’organiser l’entraide collective pour tracer une route, désenclaver certaines localités , construire une école ,une mosquée où un dispensaire. L’absence durant le régime d’exception (1984-1992) d’espaces libres , reconnus et ayant pignons sur rue où les débats de sociétés ,politiques et culturelles pouvaient éclore a transformé ces coordinations régionales en lieux d’expressions politiques sous le prisme des intérêts communautaires ethnocentriques. Les anciens responsables du parti-État le PDG de Sékou TOURE se répartirent en fonction de leurs origines ethniques pour prendre le leadership dans ces nouvelles organisations . Cette dynamique aura une grande influence dans le processus de démocratisation du pays. En 1992 , les principaux partis politiques de l’époque seront peu ou prou des prolongements des coordinations régionales . L’UNR (Union pour la Nouvelle République ) et le PRP (Parti pour le Renouveau et le Progrès) se disputeront la Coordination Nationale de la Moyenne-Guinée ,le RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée) s’impose au niveau de la Coordination Mandingue, la Coordination de la Guinée-Forestière crée l’UPG et la mouvance gouvernementale le PUP (Parti de l’Unité et du Progrès ) s’appuie essentiellement sur la Coordination de la Basse-Côte et aussi sur les appareils d’État dont l’administration et les forces de défense et de sécurité. L’exception notable dans cet ersatz socio-politique était l’UFD qui deviendra plus tard UFDG, qui s’était constituée autour de militants des droits de l’Homme , du mouvement étudiant et des cadres de la diaspora.
L’expérience du multipartisme pendant deux décennies n’a pas suffi à effacer des pratiques politiques les références au communautarisme ethnique . Au contraire , les positionnements partisans ont attisé les clivages ethniques et ont renforcé les recours à l’ethno-stratégie. La gouvernance d’Alpha CONDE l’a même institutionnalisé en fixant que le Premier Ministre doit être de la Basse-Côte, le Président de l’Assemblée Nationale de la Guinée-Forestière , le Chef de l’État est de la Haute-Guinée et donc l’opposition est nécessairement du Fouta.
Quelques pistes de réflexion en guise de conclusion
L’Afrique de l’Ouest est un ensemble qui a été depuis longtemps le berceau de vastes empires comme celui de Ghana qui atteint son apogée à la fin du 1er millénaire, ensuite celui de Mali de Soundjata Keita, puis l’empire Haoussa de Askia Mohamed , le royaume peul de Koly Tenguéla pour ne citer que ceux-ci. Le Sahara a été aussi traversé pendant des siècles par des caravanes de marchands reliant l’Afrique sub-saharienne au Maghreb. Des populations de diverses ethnies et de différentes langues ont cohabité dans les mêmes espaces territoriaux et politiques. Il est par conséquent important de s’interroger pourquoi un phénomène extraordinaire de repli identitaire dans cette partie du monde à l’heure de la mondialisation à l’échelle planétaire.
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La sécheresse qui a sévi dans les années 70 et 80 sur l’ensemble du Sahel a bouleversé les modes de vie des populations. Fuyant l’avancée du désert les communautés qui vivaient plus au nord sont descendus au sud à la recherche de terres fertiles,d’eau et de pâturages pour leur bétail. Les nouveaux arrivants se sont heurtés aux anciens. C’est le cas en Mauritanie et au Mali . C’est l’occasion d’attirer l’attention sur le phénomène du changement climatique. Les rapports du GIEC (Groupe International des Experts sur le Climat) ne cessent d’interpeller le monde sur l’évolution très alarmante du réchauffement du climat . A cet égard l’Afrique de l’Ouest est parmi les zones les plus exposées .
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A cette évolution défavorable de l’environnement s’est greffée un divorce entre l’État et la société civile . L’État continue toujours d’être « un corps extérieur » à la société. Son acceptation par les populations est superficielle d’autant plus qu’il se manifeste le plus souvent par la répression et des impôts impopulaires.
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Cette méfiance à l’égard de l’Etat est renforcée par la nature néo-patrimoniale et prédatrice . Comme l’écrit jean François Médard « la réalité de l’Etat africain est si éloignée d’un Etat démiurge censé promouvoir le développement, car la finalité de cet Etat n’est ni le développement mais seulement l’accumulation des ressources en siphonnant les deniers publics en faveur des clans qui ont privatisé l’Etat». Ainsi cette « politique du ventre » définie par Jean François Bayart comme une forme de gouvernance qui a pour but exclusif la satisfaction matérielle d’une minorité est celle qui gouverne depuis plus de cinquante années. Cette logique prédatrice, génère indiscutablement une institutionnalisation de la mal-gouvernance économique, une fragilité des institutions de la République et une négation des droits de l’homme et du citoyen. La nature de l’Etat prédateur, néo-patrimonial est contraire au développement économique et à la démocratie. Les conflits ethniques, la mauvaise gestion des affaires publiques, la fragilité chronique des institutions, la violence récurrente contre les citoyens, n’en sont que les conséquences directes ou indirectes. Aujourd’hui l’Etat néo-patrimonial a atteint ses limites, d’où les crises qui se manifestent un peu partout en Afrique et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest. La crise identitaire en Afrique de l’Ouest n’est elle pas en fin de compte l’expression visible de la faillite de l’Etat néo patrimonial et prédateur ?