Bah Oury a une nouvelle fois brisé le silence sur de nombreux sujets d’actualité dont le blocage du budget du chef de file de l’opposition. Dans cette interview, le président de l’Udrg explique que le blocage du budget de fonctionnement du chef de file de l’opposition, dénote, une attitude à géométrie variable dans le décaissement des dépenses. Avec 5 mille milliards de crédits accordés au trésor public par la Banque centrale l’année dernière, l’opposant révèle que «la situation financière de la Guinée est désastreuse ». Bien que leurs propositions soient royalement ignorées par l’Exécutif, l’opposant assure qu’ils ne vont pas engager le pays dans une dynamique de violence.

 

AFRICAGUINEE.COM : Quelle lecture faites-vous du “blocage” du Chef de file de l’Opposition ?

BAH OURY : Le budget du Chef de file est alloué conformément à la loi. Son blocage démontre la manière dont la gouvernance économique est faite dans le pays. Vous avez une loi des finances qui est votée et que par la suite le gouvernement est tenu de l’exécuter à travers des mécanismes budgétaires et des finances publiques. Mais il s’avère paradoxalement, selon des considérations qui n’ont rien à voir avec des impératifs économiques, sociaux et politiques, c’est beaucoup plus des questions d’intérêts, de proximité, d’humeurs qui font que tel budget est alloué à telle institution ou à tel projet. C’est cela l’expression manifeste de la mauvaise gouvernance. La Guinée depuis tout le temps, les autorités en place ont joué sur ça pour faire ce que bon leur semble, en prenant entre leurs mains les destinées de tout un pays. En d’autres termes, la mauvaise gouvernance, c’est le fait d’avoir une attitude à géométrie variable dans le décaissement des dépenses. La plupart du temps, vous avez des projets qui doivent être financés et même si le financement extérieur doit apporter un montant substantiel, très souvent il y a une contrepartie qui est demandée à la partie guinéenne.

 

Mais comme les autorités ne tiennent pas des prévisions exactes dans l’élaboration de la loi des finances, il s’avère que telle route qui devrait être faite entre décembre de telle année et à telle autre période ne peut pas être engagée parce que les autorités guinéennes n’ont pas décaissé le montant de la contrepartie pour le financement. Le budget national est géré en fonction des intérêts de celui qui préside la destinée du pays. Durant l’année 2020, il y a eu un accroissement entre décembre 2019 et novembre 2020 de 5 mille milliards de crédits accordés au trésor accordé la Banque centrale sous différentes formes.  Lorsqu’on insiste sur la nécessité de respecter l’exécution de la loi des finances, ce n’est pas seulement pour le chef de file de l’opposition c’est pour avoir une démarche équilibrée dans la gestion des affaires du pays. Si vous remarquez, très souvent, nos budgets ne sont pas exécutés et tiennent compte d’aléas conjoncturels. Ce qui fait que les dépenses indispensables pour les investissements pour l’allocation des demandes sociales ne sont pas faites parce qu’il y a telle élection à financer, tel intérêt politique qu’il faut envisager, etc.

 

Qu’est ce qui expliquerait concrètement le blocage de ce budget ?

Vous savez que globalement la situation financière de la Guinée est désastreuse actuellement les dépenses de 5 mille milliards qui ont été accordées au trésor par la Banque centrale sous différentes formes, c’est un déficit excessivement élevé. C’est comme si financièrement l’Etat guinéen est ruiné. Donc tout est bloqué en fonction d’une volonté d’engranger des nouvelles recettes. D’où la nécessité d’augmenter le prix du carburant, les taxes et tout. On fait payer aux contribuables guinéens les erreurs stratégiques, financières et politiques des dirigeants en place. Ce n’est pas du tout acceptable.

 

Comment compte-vous faire face à cette nouvelle donne ?

C’est la raison pour laquelle avec le chef de file de l’opposition et tenant compte des difficultés que nous avions décelées, nous avions demandé aux autorités en situation de responsabilité, de privilégier l’apaisement politique, la cohésion nationale, une concertation de l’ensemble des forces vives à travers des mécanismes qu’il faudra élaborer. C’est la raison pour laquelle nous avions salué en ce temps, la mise en place du cadre permanent du dialogue politique et social. Nous attendions que cela puisse se traduire dans les faits pour aller maintenant dans les questions de fond. Les questions préalables c’était de voir l’apaisement à travers la libération des détenus politiques que nous avons, la réouverture des frontières pour créer un climat de sérénité sur l’ensemble du territoire. Mais loin de tout cela, on nous embarque dans des dynamiques encore plus désastreuses avec des déguerpissements faits de manière brutale sans discernement alors que nous avions, en ce moment-là également indiqué que c’est la plus mauvaise méthode qui a été utilisée. Nous devons tirer les leçons du passé, (Kaporo-Rails…) mais là aussi loin de tout cela, tête baissée on fonce toujours dans des attitudes qui enfoncent la Guinée et je trouve que cela est irresponsable.

 

Est-ce que le cabinet du chef de file de l’opposition envisage des d’approche vis-à-vis du pouvoir ?

De toutes les façons, la dynamique constructive reste maintenue. Nous n’allons pas engager le pays dans une dynamique de violence alors que la paternité de la violence est toujours d’un côté avec les forces qui sont orientées vers l’étouffement des revendications démocratiques. Donc, le moment est beaucoup plus important à l’heure actuelle de se remettre en cause, réfléchir de manière beaucoup plus stratégique sur la meilleure façon de faire en sorte que les aspirations populaires de la majorité de la population puissent vaincre sans qu’il n’y ait beaucoup de drames et beaucoup de pleurs.

 

C’est pour cela, politiquement, il y a un travail à faire. Il s’agit de faire un pacte social et politique qu’il faut tisser avec la population. Il faut expliquer à la population la nature du problème, isoler tous ceux qui sont là pour diviser les guinéens pour tout simplement satisfaire leurs intérêts personnels. Il faut que les guinéens sachent exactement où se trouvent les points d’achoppement, les adversités bref les points que nous pouvons corriger et ceux dont on peut rompre avec le rubicond pour que nous avancions. Cela nécessite une réflexion, un engagement politique, une concertation avec la population à la base. Si on ne fait pas ça, on va nous engager dans une dynamique stratégique qui a toujours prévalu depuis l’indépendance jusqu’à présent en disant que c’est une communauté contre une autre. C’est cela qu’il faut rompre pour aller de l’avant, construire un pays et en finir avec des années de misère et de pleurs.

 

Abdoul Malick Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le Samedi 17 avril 2021 à 4:37

 

BAH Oury

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